Devenir silencieux La parole et la pensée excessives Vous gardent de l’harmonie avec la Voie. Sabrez dans la parole et la pensée, Et il sera nul endroit que vous ne saurez pénétrer.

Il n’y a rien de mal avec le fait de parler et de penser modérément, sauf que l’esprit moderne y est intoxiqué. Nous pensons trop, nous parlons trop. Notre éducation nous a encouragés à agir de la sorte. Trop souvent nous pensons et parlons trop dans un effort désespéré de trouver l’harmonie. Ce faisant, on rencontre habituellement son contraire: discordance, stress, voire détresse.

Souvent nous pensons et parlons immodérément parce que nous avons trop peur de devenir silencieux. Avez-vous remarqué? Le silence effraie l’homme moderne. C’est pourquoi nous laissons radio et télé ouvertes à longueur de journée, sans même les écouter – même l’illusion de communication est préférable au silence. Nous évitons le danger d’un voyage intérieur involontaire. Nous craignons le vide. Nous ne voulons pas faire face au fait que notre sens d’identité tient de la fiction. Tout se passe comme si nous savions intuitivement que l’autonomie est une illusion.

Dans le but de préserver cette illusion de permanence, nous pensons et parlons sans arrêt. Penser, c’est exister? L’axiome de Descartes:  Je pense, donc je suis, s’est transformé en échappatoire.

C’est seulement une fois que nous savons faire montre de suffisamment de courage pour pénétrer le vide que l’on peut comprendre le caractère inutile de la permanence, et l’aberration mentale superflue qu’est ce «Je» auquel nous nous accrochons tant. C’est ainsi que l’on pénètre un monde éphémère sans début ni fin, et que s’efface notre peur de l’insignifiance et de la mort. Plus important encore, toutefois, s’efface notre peur de la vie.

Trop de paroles et de pensées, voilà une manifestation de la peur. Le sage accepte le mystère et se fait silence.
Derek Lin.

Pensez donc à l'histoire du cric racontée plus avant, c'est un bel exemple qui nous montre que nous pensons de trop. Dans cette histoire, nous pouvons remarquer que c'est bien la peur de ne pas être aidé comme on le voudrait (j'ai peur et on doit m'aider tout de suite) provoque ce cheminement de la pensée.

L'audiovisuel a envahi le monde des arts plastiques exactement comme il est devenu assourdissant dans notre vie quotidienne. Il est temps de s'interroger sur le retour au silence. On n'apprend plus ni à se taire, ni à écouter l'autre. Comment fait-on pour écouter l'autre sans se taire?

Le silence se meurt, le bruit prend partout le pouvoir ; c'est la seule calamité écologique dont peu de gens parlent. D'accord, on réclame par rapport au bruit dans les environs des aéroports. Mais a-t-on jamais fait allusion à son propre bruit?

Avec le nombres d'années qui se rajoutent à notre horloge de vie, on supporte de moins en moins le bruit, et on apprécie volontiers le silence, avez vous remarqué? Deviendrions nous plus sage? Le silence est une tranquillité mais jamais un vide. Le silence est une clarté mais jamais absent de couleur ; il est rythme ; il est le fondement de toute pensée.

Après tout, ne dit-on pas ...

• Le silence est d'or, la parole est d'argent,

• Bien faire et laisser dire,

• La bouche garde le silence Pour écouter parler le coeur,

• Les mots que l'on n'a pas dits sont les fleurs du silence,

• Quand le coassement des grenouilles prend fin, on n'en apprécie que mieux le silence,

• Parler pour ne rien dire,

• La parole perd parfois ce que le silence a gagné,

• Le silence est pour les oreilles ce que la nuit est pour les yeux,

• On fait beaucoup de bruit pour obtenir le silence.

• etc.

Essayons donc de l'apprivoiser, on ne peut plus s'en passer dès que cette peur du silence disparaît.

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