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Véritable identicité
Dans le Royaume du Dharma
réside la véritable identicité,
Et il n’y est ni autre, ni moi.
S’accorder à elle est d’une
importance vitale ;
Se référer au « non-deux » suffit.
Dans le non-deux, toute chose
est en unité ;
Rien ne saurait être exclus.
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Je me dois d’expliquer ici le terme «identicité». Ce mot
constitue en fait un effort désespéré pour traduire l’intraduisible.
L’identicité d’un être donné, c’est sa véritable essence, ce qu’il est vraiment,
sa vraie nature ; c’est ce qui le rend unique et qui pourtant le relie au Tout.
Vous voyez? Il suffit que je m’aventure à décrire la
signification de ce mot pour que je me sente désespéré moi-même. C’est en
réalité un concept qu’on ne peut vraiment saisir qu’au niveau de l’expérience.
Sortez et allez contempler les yeux d’un chien emplis
d’innocence, si différents et à la fois si semblables aux vôtres, et vous
ressentirez son identicité. Regardez un chat se mouvoir ou dormir paresseusement
sur le divan comme seuls les chats peuvent le faire, et vous ressentirez
l’identicité du chat.
Alors, que veut donc dire ce passage? Il soutient qu’en ce
monde où les êtres vivants possèdent leur véritable identicité, il n’est «ni
autre», «ni moi».
Sa signification devrait être assez claire. La vraie nature
des êtres vivants réside par-delà leur caractère unique. Dès que nous entrons
véritablement en contact avec d’autres espèces, nous partageons en fait ce que
nous avons en commun avec eux. La vérité est que chaque être doué de sensations
fait partie d’un même ensemble – et que nous partageons tous la même identicité.
Au niveau spirituel, il est un point commun partagé par tous les êtres vivants.
Ressentir cette identicité au plus profond de soi constitue, selon moi,
l’essence même de l’éveil.
Le passage se réfère au «non-deux» comme une description
de cette unité véritable avec le tout. Il évite d’utiliser le terme «un»,
puisque nous savons maintenant que cette condition ne nous est pas vraiment
possible.
Derek Lin.
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