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Nul repos
Cessez toute activité et il n’y a pas d’activité;
Quand l’activité cesse, il n’y a pas de repos.
Puisque deux ne peut être établi,
Comment peut-il y avoir un?
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Je trouve ce passage difficile. Les deux premiers vers sont
quand même assez faciles. Le texte nous dit en fait que l’on ne trouve pas
nécessairement le repos une fois que l’activité a cessé. On peut très bien être
agité sans être actif. L’ayant déjà vécu, je puis le comprendre.
C’est le saut produit par le texte aux deux vers suivants
qui le rend encore plus difficile à saisir. Une explication possible: puisque
l’activité et le repos (= deux) ne s’opposent pas, aucune véritable unité de
l’esprit ne peut être atteinte. Peu importe à quel point l’on tente de trouver
la sérénité en notre esprit, ce dernier sera toujours en mouvement de façon
subtile. Peu importe à quel point l’on deviendrait inconscient de soi-même, il y
aurait toujours un niveau dans lequel notre conscience, même si faiblarde,
existerait.
Même lorsqu’il semble être en parfait repos, notre esprit
se meut toujours. Je peux le comprendre, puisque je n’ai jamais expérimenté
moi-même la parfaite immobilité de l’esprit. En fait, une fois la méditation
terminée, j’ai souvent constaté que mes problèmes s’étaient résolus. C’est ainsi
que j’étais en mesure de voir les choses clairement et d’agir en conséquence.
N’est-ce pas là une preuve manifeste de l’activité de mon esprit pendant la
méditation? Pour tout dire, je ne crois même pas qu’il soit essentiel pour
l’esprit d’atteindre l’immobilité parfaite.
La vacuité n’est pas une forme d’échappatoire à la vie.
Derek Lin
On apprend ici que l'esprit ne se repose
jamais. Quoi de plus normal? Même au delà de la Mort, l'esprit ne se repose pas.
Krishna a dit:
Quand l'esprit ne résiste plus, qu'il ne fuit ni ne blâme ce qui est, mais se
contente d'être conscient avec passivité, il s'aperçoit que, dans cette
passivité même, vient une transformation.
Alors comment faire un, alors que l'esprit ne fonctionne
qu'avec un minimum de deux? Le sentiment de l'unité ne vient pas de l'esprit;
mais provient de la profondeur de nos sensations.
Tant que nous restons liés au superficiel, nous ne pourrons
jamais percevoir le monde dans son entièreté. Par contre,
si nous nous ouvrons à la source de l'existence, son origine se dévoilera à
nous. Ce n'est pas notre conscience qui peut nous faire connaître l'unité mais
bien notre inconscient qui par nature, contient déjà l'infini des possibles. Ne
pas nous ouvrir à ce trésor inestimable de notre coeur et de notre âme,
c'est refuser de se montrer en face de ce qui n'a pas de limite, c'est refuser
l'infini.
Dès lors, notre petit ego reste tel qu'il est et nous dépossède des plus grandes
beautés intérieures et extérieures existantes.
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